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Echappées.belles
2 décembre 2010

André Guigot : la sagesse des jours (extraits)


 

  Le jour des enfants, l’esprit du bidon

 

 

Moins d’adultes travaillent le mercredi, afin de conduire les plus chanceux ici ou là dans les clubs, mais aussi pour laisser dormir plus naturellement les plus jeunes. Il faudrait en profiter pour ne pas se substituer aux sonneries scolaires, aux cloches qui font courir et ranger les enfants en longues files agitées devant les classes. Malheureusement, on reste obsédé par l’occupation des sols et des êtres. Le vrai goût des repos animés n’a pas besoin des adultes pour apparaître, pour naître à partir de rien, c’est la revanche de l’imagination sur les inégalités sociales devant l’école des loisirs. Les adultes sous-estiment la créativité des petits, à trop les occuper et les dresser comme de futurs grands singes. N’est-ce pas une tentative plus ou moins élégante de rattraper ses propres injustices subies que de vouloir surcharger les mercredis d’emplois du temps « éducatifs » ? Les loisirs obligatoires augmentent partout. S’accompagnent-ils d’une authentique préoccupation ? Jouons-nous davantage avec les petits parce que nous leur achetons de quoi jouer sans nous ?

 

 

 

Le jour des enfants devrait autre chose qu’une gestion supplémentaire. Prendre le temps de s’étonner, avec eux, du chant des oiseaux, de la buée qui réchauffe les mains, c’est le contraire de l’angélisme : cela forge, qui sait, des caractères de révolutionnaires. On crée bien plus de moments agréables en flânant, en riant avec les enfants de ce qui est interdit les autres jours qu’en les assommant d’horaires. Il faut une certaine modestie pour rire de tout, avec eux, sans avoir peur du ridicule. On a tous des dessins animés et du temps libres pendant les pubs, en fonction de l’âge, et rien n’interdit de se coller le nez aux fenêtres en regardant, à côté des plus petits, les chiens et les insectes. C’est tout un univers et un rythme qui leur sont propres, des dessins tout en ronds aux histoires parfois tristes. Être avec les enfants nécessite un vrai respect de leur imaginaire.

 

 

 

Loin des apprentissages qui font d’eux de « futurs adultes », donc des grands en miniature, une authentique liberté se réalise avec n’importe quoi, en jouant avec ce qui les fait rire. Une grosse caisse métallique dilatée par le gel fait des bruits énormes en se réchauffant au soleil. On est mercredi. C’est « l’esprit du bidon ». […………]

 

 

 

Il existe de plus en plus d’enfants anxieux, rattrapés avant l’âge par la pression adulte. Le grand responsable est le culte aliénant de la performance.

 

 

 

Tout se passe comme s’il fallait leur instiller, dès le plus jeune âge, le doux poison de l’  « idéal actif ». C’est parfois à partir d’un modèle de performance dans tous les domaines de l’existence, des premiers pas aux premiers mots, des premières dents aux premiers conseils de classe, où, on se demande pourquoi, tout le monde rêve d’être le premier, que trop de parents projettent leurs échecs, leurs désirs sur l’enfance en y voyant des promesses. Tout le malheur des petits réside dans ceci qu’à peine capables de marcher, on les teste, on les évalue, on se demande en leur souriant ce qu’ils vont devenir.

 

Il faudrait peut-être un jour, sur les CV, indiquer l’âge de nos premières dents, de nos premières idées. En attendant, on réalise des adultes miniatures, monstres savants et pressés d’en découdre avec le monde, persuadés qu’il est normal de se presser encore plus vite que les autres. Sur les tapis roulants, les gens se dépassent en courant pour aller encore plus vite. A quand l’invention du tapis courant ?[…..]

 

 

 

Comme un îlot au milieu de la semaine, le jour des enfants a de quoi faire réfléchir, sur le droit, par exemple, de ne rien faire.

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