Môrice Bénin : le sursaut (2007)
Les glaciers se liquéfient, l’heure s’accélère.
Chaque jour, des oiseaux de nuit lucides et solitaires nous prédisent le pire …
Est-ce déjà le crépuscule, l’irrémédiable ?
Notre génération, ou juste celle d’après, sera-t-elle la dernière à parler d’eau
Sans en manquer, d’avenir sans se leurrer, et d’amour en s’y risquant ?
Toute cette histoire féconde, ces religions, ces enseignements, ces traditions …
Tous ces savoir-faire, ces poésies, ces livres, ces musiques…
Tout ça …pour en arriver là, à cet immense gâchis pathétique ?
Pauvre Gaïa, acculée au vertige, et nous piteux, coincés derrière la vitre …
Je sais il faut une fois de charbonnier sans borne
Pour croire encore en l’homme en ces temps qui chavirent.
Car tout le bric-à-brac social tient encore vaillamment en place :
Politiques corrompus, aveugles ou égotique …
Mais tellement, ô tellement sincères !
Médias ravalant les façades, qui nous abreuvent de ces scoops boulimiques,
Surenchères …mais tellement, ô tellement honnête !
Et tous ces artistes, faire-valoir de ce système huilé, avides d’être admirés
Pour leur talent inné …mais, ô tellement géniaux !
Je sais, tout fonctionne encore à merveille …
Pourtant, vous le savez comme moi : si nous voulons rester libres,
Il nous faut aiguiser en nous une certaine simplicité volontaire,
Un maquis pour résister à l’engourdissement, au formatage
A ce que l’on veut faire de nous …
En cet ultime instant d’éternité, dans le silence serein qui nous tient lieu
D’abri. J’en appelle au sursaut, à notre citoyenne dignité, à notre ferveur d’amour fragile …
LE SURSAUT
Môrice Bénin 2007