expulsions
De leurs mains, ils ont démonté leurs cabanes
Calmement, méthodiquement
Ils n’attendent pas qu’on les expulse
A grands coups de bottes
Et qu’on piétine et saccage
Sans merci leur intimité
Ils sont beaux et fiers
On ne les traînera pas dans la boue
Les voilà de nouveau sur les routes
Direction Calais, Grande-Synthe, Paris
Ou nulle part
Dehors ce n’est pas le grand froid
Cette nuit ils annoncent
Dans les salons de France trois
Zéro, peut-être un degré au dessus
Chez nous le feu ronronne
La télé aussi
Quelques faits d’hiver, tout va bien
Dormez du sommeil du juste
Les justes où sont-ils
Les voilà de nouveau sur les routes
Ils quittent la jungle
Certains pleurent
Certains prient
Certains chantent encore
Sur le dos, un couchage léger
Devant le brouillard, puis la nuit noire
Madame la sous-préfète est en tenue de soirée
Son époux attend sa promotion
Pour services rendus à la République
Hortefeux contre les coups de feu
Annonce des coups de poings
A Dunkerque Delebarre ferme les yeux
Le monde est ainsi fait
La police toujours partout
Traque
Déloge à grands coups de pieds
Rafle les pauvres types
Sans le sou, sans papiers, sans abris
Les bêtes en France
Sont mieux traitées
Thank you, my friend
Disent-ils en agitant la main
Nous irons en Angleterre
Un autre matin
Par petits paquets
Tremblotants
Ils fuient encore
Ils rejoignent
Le grand cortège
Sans fin sans frontières
Des apatrides.
Hier Kurdes, Afghans, Irakiens, Iraniens
Soudanais, Ethiopiens, Erythréens
Palestiniens…
Aujourd’hui plus rien
Des ombres au bord d’une autoroute.
Téteghem, ce dimanche