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Echappées.belles
27 décembre 2010

Vive la vie nomade (4)

Jeudi 25 mai près de Toulouse, Ascension

« C’est le christ qui monte au ciel

mieux que les aviateurs

Il détient le record du monde pour la hauteur »

                                               Apollinaire

(J’espère n’avoir choqué personne. Notre grand poète avait aussi de l’humour. On me suggèrera peut-être, que l’on peut rire de tout, mais avec n’importe qui. Mais vous n’êtes pas n’importe qui…) Fermez la parenthèse.

A deux pas de notre tente, un écrivain plante sa plume sans relâche. Il semble appartenir à une autre planète, « étrange étranger » à ce peuple nomade. Sa verve, son verbe semble inépuisable. Sur sa chaise de toile, avec un petit bout de bois de fortune, tout mordillé et fripé sur le bout comme une peau de bébé, il voyage, il dérive, il conjugue l’imparfait avec les  doux présents du jour. Qu’écrit-il à longs flux, à coups de traits rapides et fougueux ? Campe-t-il un récit d’aventures ou un personnage de théâtre, accouche-t-il d’une œuvre maîtresse, immortalise-t-il des instants de vie, éclairs métamorphosés ? Il capte l’air en inspirations goulues. J’aimerais avoir ce souffle, cette respiration. J’envie  un instant cet aventurier de la langue  et même sa fière solitude. Un instant seulement, car notre toile a des oreillers jumeaux de lin bleu et je les aime accouplés et enclins à la confidence…

Ici nous avons quelques reflets du paysage social. Les barons et les énarques ne sont pas là bien sûr, ce sont des hommes bien campés, mais une classe pauvre, cachée par des rangées de peupliers, dans des petites caravanes rouillées, des « mobil home » enracinés, habitat avec ou sans roues à loyer modéré. Privés d’emploi ou intérimaires dans la ville rose, dans une vie qui n’est pas rose. Et des vacanciers aisés, avec ou sans camping-car, aux gestes lents et calculés, déjà vieux pour la plupart… A cette heure les enfants sont derrière leur pupitre et, au bureau, à l’usine, au chantier les actifs besognent. C’est bizarre… d’échapper à la classification. Mais peut-être approchons-nous, malgré nos manières d’indiens, de l’une de ses catégories…

Ce camping ne ressemble nullement à celui de Corrèze. Ce dernier n’était pas touché par les éclats éclaboussures de la ville : profondément champêtre, rustique, rural, habité par des familles d’arbres et de gens plusieurs fois centenaires, indéracinables. 

                                              A suivre

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