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Echappées.belles
6 janvier 2011

Vive la vie nomade (7)

 

Samedi 27 mai, dans l’Aude…

 

“ Si l’homme ne fermait pas souverainement les yeux, il finirait par ne plus voir ce qui vaut d’être regardé. ”

 René char

 

Nous quittons le camping et les abords de Toulouse. La chaussée flâneuse serpente parmi les prés, les vignes, les bois et les landes : belle Aude limpide et lumineuse, moelleuses rondeurs, verts mamelons, panachures polychromes, œuvres de nos pères jardiniers aujourd’hui dénigrés. Coupes sombres au rasoir, tracés rectilignes, voies rapides, ecchymoses grises et rouges…

 Nous nous arrêtons à Saint Papoul, petit village riche d’un passé mouvementé, sanglant. Bourg d’un millier d’âmes possédant château, cathédrale et abbaye romane. Havre de paix et de recueillement aujourd’hui, à un millénaire de cette folie meurtrière d’hommes de mauvaise foi, à l’heure des croisades contre les Albigeois. Mais Dieu, bonne pâte ou mauvais pâtre, en d’autres lieux éprouvés, reste toujours un moteur de haine.

 

Sur la place, quelques vieux aux tempes argentées lancent des boules et nous donnent le bonjour avec l’accent qui chante, d’autres palabrent sous les tilleuls. Bouches, pupilles, membres y concourent dans une effusion de sens. Mais où courent les enfants avec leurs fusées de rires et leurs gerbes de cris ? La matinée s’écoule sans heurts, rythmée par le son grave de la cloche. Quiétude et lenteur. Ici, même l’été, les curieux ne viennent pas par grappes criardes, ostentatoires. Là un couple d’allemands a délaissé sa bicyclette contre un vieux mur de pierre et déambule dans le cloître, à mots feutrés, main dans la main, fasciné par la grâce et la profondeur de ces lieux pacifiés. Temps suspendu, hors des nécessités ou des contingences…

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